Jennifer Giffe – Promo 2016

Quand vous étiez à l’ISCOM, qu’est-ce qui vous a amené à vouloir faire ce que vous faites aujourd’hui, quelles ont été les étapes dans la définition de votre projet professionnel ?

Je souhaitais initialement faire mon parcours d’étudiante dans le domaine du commerce. Mais ceci ne me ressemblait pas : la fibre qui « sommeillait » en moi n’était pas la négociation commerciale mais la créativité. J’ai donc cherché une école en mesure de satisfaire ce pan de ma personnalité. J’ai passé des concours d’entrée avec succès et j’ai finalement choisi l’ISCOM pour le parcours que l’école proposait et son rayonnement dans le monde professionnel.

À mon arrivée à l’ISCOM, j’ai opté pour un parcours global pour ne pas avoir à choisir une spécialisation de suite et découvrir un maximum de thématiques. Je commençais à voir se dessiner un chemin vers l’événementiel. Mais après un stage dans une célèbre entreprise de production de salons étudiants je me suis ravisée : la dimension stratégique me manquait.

En 3e année, prise de panique : je n’arrivais pas à faire mon choix entre stratégie et opérationnel. Après plusieurs échanges avec des professionnels de la communication, j’ai pris rendez-vous avec une responsable pédagogique de l’ISCOM afin de lui exposer mon inquiétude.

En deux mots elle est parvenue à me rassurer, à m’enlever une épine du pied : pourquoi choisir ?

Nul besoin de choisir entre un poste de graphiste ou de chef de projets en agence… car les agences ne sont pas les seules à recruter des communicants ! Les annonceurs, méconnus quand on est étudiant, cherchent aussi des profils très polyvalents : en communication externe comme interne ; capables d’élaborer un plan stratégique tout en sachant mettre la main à la pâte et créer des supports visuels et web.

Ces quelques mots, l’espace de quelques minutes, furent décisifs dans la définition de ma vie professionnelle d’aujourd’hui.

Ils reflètent mon quotidien de responsable communication : passer de la rédaction d’un plan de communication annuel complet à défendre devant 15 associés d’un important cabinet parisien, à la création graphique d’une vidéo en flat design de 2 min, à l’écriture pendant des heures de lignes de codes.

Quel parcours avez-vous suivi après l’ISCOM ? En quoi consistait votre premier job (missions, responsabilités, objectifs) ?

Mon parcours a été varié et enrichissant. J’ai commencé ma vie professionnelle dans un cabinet de stratégie et formation bancaire en qualité de chargée de communication. Étant seule à la communication de cette TPE, mes missions étaient complexes et simples à la fois : m’occuper de toute la communication de l’entreprise.

Ce qui signifie qu’à 21 ans, vous pouvez déjà avoir la responsabilité de l’image d’une entreprise : communication externe, interne, création de tous les supports, gestion événementielle, presse, web, vidéos… Pour ma part, ne voulant pas choisir parmi les différents métiers, j’ai été servie !

Après avoir fait mes premières armes, s’en sont suivies plusieurs étapes marquantes : un départ en Erasmus+ à Malte pour rejoindre une entreprise dans le secteur de la food, puis le lancement de ma micro-entreprise pour l’accompagnement des TPE / PME.

Et me voilà de retour chez l’annonceur comme responsable communication du Cabinet Seban Avocats où je m’épanouis professionnellement !

Quelles compétences et softskills sont d’après vous nécessaires pour travailler dans votre domaine ?

Selon moi, la compétence cruciale est la confiance en soi pour faire face à des situations difficiles ou déstabilisantes. Chez l’annonceur par exemple, on se retrouve parfois à devoir se justifier de notre métier, à argumenter sur sa nécessité et sur le bénéfice qu’il apporte à l’entreprise. Les communicants n’entendent-ils pas souvent des commentaires tels que « c’est juste un coup de com’, est-ce vraiment nécessaire ? », décrédibilisant le travail et les messages que l’on souhaite faire passer. Autre commentaire souvent entendu : « la com’, c’est simplement un poste de dépense », insinuant qu’il est superflu de communiquer et que ça ne ferait pas augmenter significativement le chiffre d’affaires de l’entreprise.

En résumé : ayez confiance en vous, ayez confiance en votre magnifique métier !

Deux choses qui selon moi sont primordiales également : l’adaptabilité et la polyvalence. En tant que responsable communication nous sommes amenés à travailler dans de nombreux domaines qui ont chacun leurs codes spécifiques : la banque, le luxe, la food, l’immobilier ou encore le droit (eh oui ! Un peu d’auto-promo ne fait pas de mal : on communique aussi chez les avocats !). Et dans ces domaines spécifiques on peut également exercer plusieurs « métiers » différents : planeur stratégique, chef de projets, graphiste, développeur web, journaliste. Bref, il faut savoir être un communicant sous toutes ses coutures : savoir parler les codes de l’entreprise et de son secteur mais aussi les codes de chaque métier de la communication car vous allez être un véritable chef d’orchestre.

Avec le recul, quel(s) conseil(s) pourriez-vous donner à quelqu’un qui souhaiterait marcher dans vos pas ?

Essayez ! Vous êtes jeunes, vous avez le droit de « tester » différents domaines et différents métiers ! Et plus que tout : vous avez le droit à l’erreur !

Ne vous cantonnez pas à un seul type de stage ou job : prenez le risque de vous essayer à quitter l’agence, testez l’annonceur, testez le graphisme alors que vous faites des études plutôt orientées stratégie, testez l’étranger ! Car encore une fois… vous avez le droit !

Aucun futur employeur ne vous reprochera de présenter un CV varié. Il est normal de se chercher quand on est encore étudiant ou qu’on vient de sortir de l’école. Au contraire, ceci montrera votre capacité à vous adapter à plusieurs situations.

Au delà, soyez heureux dans votre métier : il faut que chaque matin, quand vous vous levez, ce métier vous fasse vibrer, que vous arriviez devant votre bureau en vous disant : j’ai 40 000 idées pour aujourd’hui. Certaines ne marcheront pas. Certaines iront au-delà de ce que vous aviez imaginé. Et ça, vous pourrez le faire uniquement si vous aimez votre métier !

Enfin, n’hésitez pas à vous nourrir du monde qui vous entoure pour alimenter continuellement votre créativité et vos idées. Pour rester dans le champ lexical de la nourriture et citer des paroles décalées mais pleines de sens d’un des intervenants que j’ai eu à l’ISCOM : soyez des crevettes ! Les crevettes évoluent dans leur environnement et s’alimentent en même temps qu’elles se déplacent grâce à leurs nageoires qui récupèrent les éléments qui les entourent. En termes plus clairs : sortez, lisez, voyagez, naviguez tout en empruntant à chaque moment et lieu ce que vous y trouverez de plus beau, et servez-vous en !

Quel est votre plus gros succès professionnel ? Votre plus grande difficulté ?

Je pourrais parler ici de plusieurs projets : la refonte complète de 2 sites internet, un changement d’identité graphique, ou encore des projets qui ont vu le jour sous ma responsabilité. Mais étrangement ce n’est pas l’aspect opérationnel qui est l’une de mes plus grandes réussites selon moi. C’est plutôt mon évolution personnelle et le positionnement que j’ai réussi à donner à mon métier : à l’âge de 29 ans, je suis fière d’avoir fait évoluer le regard des autres lors de mes passages en entreprise, pour que la communication y soit vue comme un poste clé, associé à de nombreux projets globaux.

Ce nouveau positionnement n’est cependant pas totalement gagné sur le long terme, c’est un combat de tous les jours.

On continuera d’entendre dire que la communication, ce n’est que des paillettes, c’est juste faire du beau ; mais que le cœur de métier de l’entreprise est entre les mains d’autres personnes.

Sans compter que ce type de discrédit peut aussi venir de nos pairs : beaucoup de communicants ne comprennent pas qu’on puisse exercer notre métier dans des secteurs qui n’ont pas forcément l’habitude de communiquer. Je parle bien entendu ici du secteur du droit. Mais je peux vous certifier qu’au service communication de Seban, on ne chôme pas !

Vous n’aurez pas toujours le budget du roi du burger ou d’une maison de luxe, mais c’est ce qui fait la richesse de ce travail : chercher continuellement une solution ingénieuse pour se démarquer des concurrents, qui ont parfois des moyens de communication beaucoup plus agressifs.

Pour finir cette interview, un dernier conseil : ne sous-estimez pas le pouvoir du réseau ! Que ce soit votre réseau actuel ou celui des anciens de l’ISCOM : ils vous ouvriront des portes sur des opportunités que vous n’auriez pas envisagées ! Parole d’une ancienne Iscomienne.

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